Parce qu’il défend la qualité du blé wallon, Guy De Mol va recevoir le label «Prix juste producteur». Explications.
Le blé, comme l’or et le dollar, est coté en bourse. Et tous les quarts d’heure, son prix varie, animé «par des spéculateurs, à la bourse de Paris et à celle de Chicago, qui n’ont rien à voir avec le monde de l’agriculture et ça, c’est intolérable, se positionne d’emblée Guy De Mol, administrateur-délégué des Moulins de Statte depuis 2015. Ça n’a aucun sens de payer le blé d’ici, produit à 15 km de chez moi, en fonction des fluctuations de la bourse de Paris!»
Guy De Mol a donc décidé, à son échelle, de signer des contrats pluriannuels avec tous les autres acteurs du blé (ses producteurs, ses stockeurs et ses boulangers) pour leur assurer «un prix de blé ou de farine plus ou moins stable» pour une période déterminée. «Pour moi, il est possible de sortir de la spéculation et d’assurer un prix juste qui tienne compte des coûts de production et de la marge normale à laquelle chaque acteur a droit.»
C’est dans cette logique qu’il signera (et recevra) ce lundi, dans le cadre du Salon Saveurs et Métiers à Namur, le label «Prix juste producteur», lui qui est par ailleurs le seul Belge reconnu par le Groupement d’Intérêt Économique «Culture Raisonnée Contrôlée». Parce que, comme ce groupement français, Guy De Mol en est persuadé: en rétribuant mieux les producteurs de blé, ceux-ci seront plus enclins (et auront davantage les moyens) à tendre vers une agriculture plus raisonnée. «C’est mon objectif des trois ans à venir: augmenter le nombre d’hectares de céréales panifiables en culture raisonnée et pour attirer les agriculteurs à produire du blé ainsi, il faut leur offrir un prix juste», résume l’administrateur-délégué des Moulins de Statte. Qui se sent même «investi d’une mission alors que nous sommes à un virage important sur la manière dont nous consommons: en tant que patron de PME, je veux apporter ma contribution à ce changement» et participer ainsi à la structuration solide de toute une filière. «C’est quand même dommage qu’avec de si bonnes terres, un tel savoir agronomique et un tel encadrement technologique, on doive importer du blé dans notre pays!» Même si, Guy De Mol l’admet, les conditions météo belges obligeront probablement toujours le secteur à acheter du blé d’ailleurs «pour sécuriser nos approvisionnements».¦